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Les crimes de guerre de l'armée japonaise : un combat vers la reconnaissance

Dernière mise à jour : 17 mars

Comme nous avons pu le constater dans l'actualité récente, une situation de conflit peut engendrer de nombreuses violations du droit international humanitaire. C'est ce que nous appelons les crimes de guerre. Mos'Info vous propose aujourd'hui de revenir sur le passé du Japon et sur la problématique, toujours actuelle, de la reconnaissance de ses actes.


Contexte historique

L’ère Showa est une période de l’histoire japonaise qui s’étend de 1926 à 1989 durant laquelle l'empereur Showa (Hirohito) règne sur le pays ; Showa signifiant “ère de paix éclairée”.


De nombreux crimes de guerres sont répertoriés durant la période d’impérialisme japonais jusqu’à fin 1945. Cette période s’est vue attribuée des termes tels que “holocauste asiatique” ou bien “atrocités de guerre japonaises” pour souligner ces faits.


Les historiens comptent les victimes des tueries et autres actes de tortures commis par l’armée impériale japonaise par plusieurs millions de civils et de prisonniers de guerre. Ces crimes auraient atteint leur paroxysme au cours de la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945) et durant la guerre de la Grande Asie orientale (1941-1945).


Nature des crimes de guerre japonais

En raison de la violence et de la brutalité des crimes causés par l’armée japonaise entre 1930 et 1945, celle-ci est souvent comparée à l’armée du IIIème Reich et le régime nazi. Plus de 30 millions de Chinois, Coréens, Philippins, Vietnamiens, Cambodgien, Indonésiens, Malais, Birmans et d'autres encore furent massacrés ou torturés.


Entre réduction en esclavage et exploitation, utilisation d'armes chimiques, expériences humaines et bactériologiques (tristement célèbre unité 731), cannibalisme et prostitution forcée (femmes de réconfort) ; les crimes sont nombreux et prouvés par d'anciens documents officiels et des rapports d'ONGs.


Ces crimes demeurent tous controversés, en particulier celui des femmes de réconfort.


Les "femmes de réconfort"

Ce phénomène prend ses racines dans les années 1930, en particulier en 1937. Cette année fut le théâtre de la guerre sino-japonaise, durant laquelle se déroule le massacre de Nankin. Durant cet épisode, 20'000 à 80'000 femmes, souvent mineures, furent violées par l'armée nipponne dans des conditions barbares et sadistes. La communauté internationale a fermement condamné ces événements.


Afin de contrôler la sexualité des soldats, les femmes de réconfort "sont alors recrutées dans un souci d'ordre public et d'hygiène". De plus, la superstition japonaise avance qu'une relation sexuelle avant un combat permet aux hommes d'être protégés. Les soldats ne sont ainsi plus tenus responsables de leurs actes d'abus et 400 stations de réconfort sont créées dans plusieurs régions de l'Asie.


Négationnistes et révisionnisme

Au total, 200'000 femmes auront été mises à dispositions des troupes nipponnes entre 1931 et 1945 (guerre de Quinze Ans).


En juin 1965, un traité normalisant les rapports entre la Corée du Sud et le Japon est signé. Dès lors, le Japon rejette toute proposition de discussion concernant les femmes de réconfort. Bien que les faits ont été à maintes reprises confirmés, un certains nombre de révisionnistes continuent de les minimiser voire les nier en associant ces évènements à une nécessité en temps de guerre.


Des membres du gouvernement actuel japonais sont d'ailleurs associés de près ou de loin au lobby Nippon Kaigi, lobby ouvertement révisionniste et qui nie les crimes de guerre du Japon Showa. En particulier, Shinzo Abe a insisté sur le fait que les femmes auraient accepté de manière volontaire de travailler en tant que "prostituées".


Les manifestations du mercredi

Néanmoins, une majorité de Japonais n'acceptent pas les justifications données et refusent d'être associés à cette minorité de négationnistes. Nombreux sont ceux qui exigent du gouvernement la reconnaissance des ces crimes et son entière responsabilité. Depuis le début des années 1990, de nombreuses victimes se sont exprimées sur ce qu'elles ont vécu, notamment Kim Bok-Dong - dont l'interview est en référence ci-dessous.


Chaque mercredi depuis 20 ans, une manifestation organisée par le Conseil Coréen prend place devant l'ambassade japonaise à Séoul, aux côtés de la statue de la fillette coréenne. Les objectifs des manifestants et du Conseil visent à restaurer la dignité et les droits humains des victimes, de commémorer ces événements tragiques, ainsi que de prévenir les violences sexuelles en temps de guerre. Ils demandent en plus des réparations légales ainsi que la punition des auteurs de ces crimes. Leur souhait est d'éduquer et de se souvenir de cette part importante de l'histoire.


Reconnaissance des faits

D'importants rapports ont été présentés à la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies ; rapports explicitant les faits et recommandant au Japon la reconnaissance des crimes et des victimes de ceux-ci. En 2008, une demande formelle des Nations Unis est faite au Japon afin que le pays assume ses responsabilités et s'excuse. Cette demande est restée sans réponse.


En mars 2022, la Corée du Sud proteste, encore une fois, envers les descriptions des manuels scolaires japonais, où de nombreux faits historiques se retrouvent déformés. Selon eux, les descriptions qui sont faites sur les femmes de réconfort ignorent les dimensions coercitives de la situation. Cela est notamment dû au fait que les manuels japonais doivent remplir un certain nombre de standards avant d'être approuvés par le ministère de l'éducation.


Corriger les livres d'histoire

"But without even saying a word to us, our previous administration just reached a deal on their own and decided to get rid of the comfort woman statue. [...] That kind of deal is not what we’ve been fighting for. [...] What I want is an apology from Japan for having dragged us away, and making us suffer. I want a formal apology. They should say “What we did was completely wrong, and we’ll correct our history textbooks”. [...] If they wrote that kind of formal apology, then we can forgive them. "

Kim Bok-Dong, Interview pour AsiaBoss, en 2018


Pour approfondir


Vidéo : "La vie en tant que "Femme de réconfort" : L'histoire de Kim Bok-Dong", Asian Boss (2018)

Article : "Femmes de réconfort : nous "servions" quinze soldats japonais par jour", Rafaël Brillaud (2018), Libération

Ressource : "Korean Council for the Women Drafted for Military Sexual Slavery for Japan", womenandwar.net


Par Camille Lilli

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