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L’histoire des 2 Corées

Dernière mise à jour : 17 mars

L'année 2022 s'est conclue par plus de 75 missiles tirés par le Corée du Nord. Ce nombre se veut dissuasif et menaçant, en réponse à des interventions américaines de plus en plus insistantes.

Quelle est l'origine de ces tensions dans la région? Y a-t-il un risque d'escalade nucléaire?

Pour répondre à ces questions, il faut revenir à l'origine des conflits, ayant encore un impact aujourd'hui...


Introduction


L’année 2022 a été marquée par un nombre record d’essais militaires effectués par la Corée du Nord, avec plus de 75 missiles tirés cette année.

Ces manœuvres répondent à une volonté claire du régime de Kim Jong-un, dirigeant de la Corée du Nord : répondre à l’attitude « agressive et provocatrice » de la République de Corée et des États-Unis, et montrer au monde une « force stratégique » de dissuasion.





Alors que le nouveau président conservateur sud-coréen Yoon Seok-youl a décidé de reprendre les exercices militaires américano-sud-coréens, et à la suite d’une opposition de la Chine et de la Russie à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité des Nations Unies, la menace nucléaire et les tensions font planer un risque d’escalade dans la péninsule coréenne, mais aussi dans toute la région.


Comment est-on passé d’une année 2018 sans aucun tir de la Corée du Nord à une année 2022 avec plus de 75 missiles tirés ? Pourquoi les États-Unis sont-ils tant impliqués dans cette région ? Quel est le risque d’un futur essai nucléaire ?

Pour répondre à cette question, il faut remonter 73 ans en arrière, lorsque la péninsule coréenne fut le théâtre d’un conflit politique international, à l’origine de sa division.


Une division politique à l’origine de la scission


À la fin de 2e Guerre Mondiale, l’occupation japonaise de la péninsule coréenne prend fin après près d’un demi-siècle. Les États-Unis et l’URSS craignant qu’une indépendance de la Corée fasse basculer le pays dans l’un des 2 camps, mais aussi pour éviter une influence trop grande de l’URSS dans la région, les 2 puissances se mirent d’accord pour occuper chacun militairement une partie de la Corée. Une 1e scission se forme alors, avec la mise en place d’un régime communiste au nord par l’installation au pouvoir de Kim Il-sung par l’URSS à Pyongyang, et l’imposition d’un régime militaire anti-communiste des États-Unis avec à sa tête Syngman Rhee à Séoul. La Corée se retrouve divisée par une frontière géographique, choisie comme étant la 38e parallèle, mais aussi politique, sous influence américaine et soviétique.

Les Nations Unies autorisent cette séparation, qui n’est cependant que temporaire pour une durée de 5 ans : la Corée devra être unie en 1950.

Cependant, les tensions entre les 2 régions s’intensifient. En 1948, chaque région revendique leur indépendance et constitue un État indépendant : la République Populaire Démocratique de Corée au Nord et la République de Corée au Sud. Et le 25 juin 1950, l’armée communiste dépasse la 38e parallèle et envahit la République de Corée : c’est le début de la guerre de Corée.


La guerre de Corée


En 2 mois, les 200 000 soldats nord-coréens équipés par l’URSS acculèrent les troupes sud-coréennes jusqu’au bord de la péninsule, dans la ville portuaire de Busan, et occupaient alors près de 90% de la péninsule coréenne.

Le 27 juin 1950, la résolution 83 est adoptée par l’ONU recommandant à ses membres de venir en aide à la Corée du Sud, et la résolution 84 en juillet va mener à la création d’un commandement des Nations Unies, dirigé par les États-Unis.

Une contre-attaque surprise est alors menée le 15 septembre 1950 par les forces de l’ONU par un débarquement à Incheon, proche de Séoul, repoussant l’armée nord-coréenne jusqu’à la 38e parallèle, puis envahissant la Corée du Nord jusqu’à la frontière chinoise.

La Chine mobilisera alors plus de 3 millions de soldats, dont 1.7 millions de « volontaires », pour repousser les forces de l’ONU. Après 1 an de conflit et 2 ans de pourparlers, un cessez-le feu est signé le 27 juillet 1953 pour mettre fin aux combats, et les 2 États restèrent séparés au niveau de la 38e parallèle. Le combat fut particulièrement violent et sanglant, notamment dus aux nombreux bombardements américains et au déversement de plus de 3.2 millions de litres de napalm par l’armée américaine, une substance incendiaire. Le bilan est lourd : plus de 800 000 soldats coréens (Nord et Sud) et plus de 2 millions de civils ont été tués, sans compter les pertes américaines, chinoises, ou encore britanniques et françaises.

Comme le raconte un ancien combattant chinois : « Il n’y a eu aucun vainqueur, et beaucoup de vies ont été perdues des 2 côtés ».

De nombreux crimes contre l’humanité et massacres ont été commis des 2 côtés, et ce conflit a fini par attiser une forte haine entre les 2 pays.


La division


2 politiques opposées sont alors mises en place, renforçant les divisons.

La Corée du Nord, dirigée par Kim Il-sung, installe une politique nationaliste très forte avec pour allier l’URSS, et rejetant les puissances occidentales et américaine, tandis que la Corée du Sud s’ouvre au monde suite à la prise de pouvoir Park Chung-hee.

L’effondrement de l’URSS plonge la Corée du Nord dans une grave crise économique et mène à une famine faisant plus de 2 millions de morts, tandis que la Corée du Sud adopte une économie capitaliste menant au « miracle de la rivière Han », le RNB ? par habitant passant de 67 USD en 1953 à 32 115 en 2019, mais aussi caractérisée ? par une forte répression contre le communisme. La péninsule est plus divisée que jamais.


Une menace nucléaire ?


En 1984, une 1er essai balistique balistique est effectué par la Corée du Nord, initiant une longue série de tests jusqu’en 2006, où un 1er essai nucléaire souterrain est mené. Le Conseil de Sécurité de l’ONU condamne ce test et des négociations mènent au démantèlement des installations nucléaires nord-coréennes en 2007. 2 ans plus tard, un 2e essai nucléaire est effectué, et Kim Jong-un succède à son père à la tête du pays le 17 décembre 2011 et renforce les programmes balistiques et nucléaires, avec notamment le test de missiles intercontinentaux en 2017 menaçant la quasi-totalité du globe, et 3 essais nucléaires souterrains.


L’année 2018 est marquée par 3 sommets inter-coréens et la poignée de main historique le 27 avril 2018 à la frontière entre Kim Jong-un et Moon Jae-in, le président sud-coréen, et le 19 septembre 2017 par la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un aussi à la frontière inter-coréenne après leur rencontre au sommet de Singapour en juin 2018, devenant le 1er président américain à fouler le sol de Corée du Nord.

Cette année est ainsi une année de discussion pour un accord de paix : aucun tir n’est effectué par la Corée du Nord et les exercices américano-sud-coréens sont suspendus.


Cependant, aucun accord n’est trouvé, et la 2e rencontre en 2019 entre les présidents américain et nord-coréen à Hanoï ne mène a rien. En mai, la Corée du Nord reprend ses tirs, entraînant la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens.

Jusqu’à aujourd’hui, les tensions n’ont cessé de monter dans la région. Le Japon craint la menace nucléaire et la Chine a de plus en plus de mal à se positionner au vu des essais nord-coréens de plus en plus fréquents, et ce malgré les sanctions du conseil de sécurité de l’ONU.

La guerre en Ukraine a aussi détourné l’attention internationale, et notamment des États-Unis, de la région, juste après que la Corée du Nord fasse une démonstration de force en organisant une grande parade militaire présentant une quantité record de missiles balistiques intercontinentaux capables de transporter des ogives nucléaires.


La Corée du sud s’inquiète de plus en plus de la situation, la Corée du Nord promettant des « réponses militaires plus intenses » aux interventions américaines, qui cherchent eux à renforcer leur présence dans la région. Le président Yoon Suk-yeol affirme que le « parapluie nucléaire » américain et sa « dissuasion élargie » ne suffisent plus, alors que les sanctions de l’ONU ne sont plus aussi fréquentes et efficaces.


Une réunification semble aujourd’hui impossible, et un effondrement économique de la Corée du Nord n’est plus un scénario envisageable. Mais les avancées majeures de 2018, et des images historiques aux des 2 équipes de Corée s’unissant sous le même drapeau aux Jeux olympiques en 2000 à Sydney, en 2004 à Athènes et plus récemment en 2018 lors des Jeux Olympiques d’Hiver à PyeongChang, en Corée du Sud, nous montrent que les 2 Corées partagent bien plus que des tensions et des enjeux internationaux.


Par Will Nam

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